Le DG de la holding SoftGroup, Abdellatif Kabbaj, nous explique en exclusivitécomment son groupe s’est mobilisé pour contrer la crise sanitaire. Selon lui, il faudra consommer «marocain» pour assurer la relance de l’économie nationale.
Soft Tech, filiale de la holding SoftGroup spécialisée dans le secteur du textile, a changé son outil de production pour répondre à la demande actuelle en masques. Comment vous avez assuré ce changement ?
Après la demande, de notre ministère de tutelle, de transformer notre production de sacs écologiques, nous avons anticipé, sachant que Soft Tech est l’une des premières entreprises fabricant du tissu technique destiné à plusieurs activités, notamment le géotextile pour les domaines médical et de l’automobile. Il se trouve que nous avons une technologie similaire à celle utilisée dans la fabrication de masques. Grâce à l’ingéniosité de nos collaborateurs et à leur travail acharné, 24 h/24, 7 j/7, du 15 mars dernier à aujourd’hui, nous avons réussi à «reconvertir» la machine de fabrication des sacs écologiques pour la fabrication de masques de protection. Tout ceci sous le contrôle des institutions qualitatives. À noter dans ce sens que nous avons massivement investi dans la transformation de nos machines.
Quelle est la cadence actuelle de production ?
Le 18 mars, nous avons produit notre premier masque. Par la suite, et en moins de 26 jours, nous avons atteint la cadence de 3 millions de masques par jour. Nous gardons la même cadence quotidienne.
Après le déconfinement, y aura-il un changement dans le système de production ou allez-vous maintenir la production des masques ?
Nous continuerons, en fonction des directives de notre gouvernement, à produire les masques en quantité suffisante pour le marché national.
Est-ce que Soft Tech exporte les masques produits au Maroc? Si oui, dans quelle proportion et vers quelles destinations ?
Il est à noter que Soft Tech a été l’une des premières entreprises à obtenir l’homologation de la Direction générale des armées de France. Actuellement, nous exportons vers la France, l’Algérie ainsi que l’Afrique de l’Ouest. Par ailleurs, nous allons bientôt entamer l’exportation vers les États-Unis, l’Allemagne et d’autres pays européens, ainsi qu’au Moyen-Orient.
Comment les RH du groupe se sont-elles adaptées à la crise du coronavirus ?
En premier lieu, j’aimerais insister sur le dévouement de nos chers collaborateurs, qui, depuis le début de cette crise inédite, ont tout mis en oeuvre afin de servir au mieux les intérêts de notre pays, au sein de notre entreprise. Nous profitons justement de cette occasion pour les féliciter pour leur engagement. Il faut par ailleurs noter que nous avons, depuis la création de notre groupe, une politique de ressources humaines très familiale et engageante. Ces atouts n’ont fait que renforcer le dévouement de tous les collaborateurs afin de lutter contre ce fléau.
Comment jugez-vous la situation actuelle du l’industrie du textile au Maroc ? Quelles seraient les pistes de relance ?
En parlant des activités textiles au sein de notre groupe, je peux dire que plusieurs d’entre elles ont été très affectées par l’arrêt de l’activité dans le marché local. Cette situation est aussi valable au niveau du marché de l’export. Néanmoins, il y a des perspectives de développement extrêmement prometteuses pour notre pays, que ce soit au niveau du marché national comme de celui international. La reprise de l’activité s’avère être une grande opportunité pour tous les industriels marocains. La situation géographique de notre pays est extrêmement favorable. Il est à noter dans sens que plusieurs donneurs d’ordres européens vont revoir leurs cartes et repenser leurs stratégies d’importations. Ils vont certainement essayer de se recentrer au niveau du pourtour méditerranéen, ce qui représentera une aubaine pour le développement externe des opérateurs industriels nationaux.
Au niveau de l’activité de distribution, la majorité des marques s’est ruée sur la vente en ligne. Quelle a été la stratégie de SoftGroup pour garder ses marques visibles ?
Nos marques de distribution, à savoir Diamantine, sont disponibles en ligne depuis 2011. Pour cette période de confinement, nous avons renforcé nos équipes ainsi que notre structure pour encourager davantage ce mode de consommation, qui est extrêmement favorable actuellement. Nous avons également procédé au lancement de la vente en ligne des produits de la marque Bigdil. Celle-ci a rencontré un franc succès.
Comment s’est portée votre activité à l’export durant cette période de crise sanitaire, et comment comptez-vous la relancer après cette crise ?
Nos activités à l’export en Afrique du Nord, Europe et Moyen-Orient ont été totalement stoppées à cause de l’arrêt des activités de nos clients et de leurs marchés. Une fois le déconfinement acté dans certains pays, les choses se sont améliorées… mais pas dans les pays dont l’économie est toujours à l’arrêt.